Patrimoine français des états
Dans toute présentation du patrimoine français du Corridor, il y a naturellement beaucoup d’histoires à raconter. Certaines de ces histoires décrivent le parcours des individus qui ont influencé l’évolution de la région du French Heritage Corridor, tandis que d’autres impliquent des groupes qui ont joué un rôle important dans l’établissement et le maintien du patrimoine français. Les liens de la carte interactive du French Heritage Corridor vous permettront de découvrir la variété des lieux qui préservent ce patrimoine, y compris des sites historiques, des musées, des repères culturels, ou encore des sites du patrimoine autochtone.
Lorsque les premiers francophones sont arrivés, ils ont rencontré une variété de peuples amérindiens aux cultures diverses et complexes. Les francophones ont également trouvé une variété de terrains, de climats et de conditions influençant l’agriculture. Cependant, le territoire était également uni par un vaste système de voies navigables intérieures qui s’étendait du nord des Grands Lacs à la vallée du Mississippi. Ses systèmes fluviaux drainant du nord, de l’est et de l’ouest servaient de voies par lesquelles les Français ont pu pénétrer dans la région et qui ont facilité le transport des marchandises et des fourrures.
Ici, nous avons adopté une approche organisée par état pour explorer le développement du patrimoine français au Corridor. La région reste quand même unie, de par ses voies navigables et par son patrimoine français. Ce qui est présenté ici n’est qu’une brève introduction aux racines françaises de chacun des états : il reste encore beaucoup à explorer.
Le patrimoine français de l’Illinois
Jean Baptiste Point DuSable fut le premier non-autochtone à s’installer au lieu qui s’appelle aujourd’hui Chicago. Un francophone d’origine africaine, Point DuSable serait né dans ce qui est aujourd’hui Haïti, mais l’on ignore beaucoup sur sa jeunesse. (Le livre de Marc Rosier intitulé « Chicago’s Authentic Founder », dont une référence complète paraît à la page « Further Exploration », est une étude exhaustive de DuSable, une présentation de ce que nous savons et de ce que nous ignorons sur sa vie.)
Un peu au sud de Chicago, le village de Bourbonnais et ses environs, le long des rivières Kankakee et Iroquois, se vantent de leur patrimoine canadien-français. Le traiteur de fourrures Noel LeVasseur, accompagné des frères Antoine Bourbonnais et François Bourbonnais père, entra dans les vallées des rivières Kankakee et Iroquois en tant qu’employés de l’American Fur Company dans les années 1820. En 1837, LeVasseur retourna dans sa province natale de Québec pour recruter des Canadiens français et les inciter à s’installer dans le nord-est de l’Illinois, à cette époque où les Potawatomis furent contraints de se déplacer à l’ouest du fleuve Mississippi. À partir de 1846, un nombre considérable de familles arrivèrent. Aujourd’hui, la portion de l’Interstate 57 dans cette région a été désignée « Corridor du patrimoine canadien-français » en reconnaissance de ce patrimoine francophone.
Au XVIIe siècle les Français construisirent plusieurs forts le long de la rivière Illinois, y compris le fort Crèvecoeur au site de la ville actuelle de Peoria, mais ces forts ne durèrent pas longtemps. Une autre communauté de plus longue durée se forma près de l’endroit où la rivière Kaskaskia se jette dans le Mississippi. Une communauté d’habitants, de prêtres et d’autochtones (originaires du peuple Kaskaskia) se développa du côté est du Mississippi. La colonie fut renforcée par la construction du fort de Chartres à partir de 1719. La structure en bois d’origine fut remplacée par un fort en pierre commencé dans les années 1750. Aujourd’hui, des bâtiments historiques sont toujours en place dans la ville de Prairie du Rocher et le fort reconstruit est ouvert aux visiteurs. Explorez cette région du Pays des Illinois sur ce site. Dans le « French Colonial Heritage District » de cette région se trouve aussi la maison du premier lieutenant-gouverneur de l’Illinois, le traiteur Pierre Ménard, ainsi que le village de Kaskaskia.
Le patrimoine français de l’Indiana
La ville de Vincennes dans l’Indiana trouve ses origines dans le fort français et le poste de traite fondés en 1718 dont le premier commandant fut Jean-Baptiste de Bissot, sieur de Vincennes. Aujourd’hui encore, vous pouvez voir « The Old French House » (construite vers 1806 par Michel Brouillet) et l’ancienne cathédrale, la basilique Saint-François-Xavier, dont les registres paroissiaux datent de 1749. Les bâtiments du fort français Ouiatenon, fondé sur la rivière Wabash dans les premières décennies du XVIIIe siècle, n’existent plus, mais le site fait partie de la Réserve Ouiatenon. Plus à l’est, la ville de Vevey, sur la rivière Ohio, fut fondée en 1802 par des immigrants francophones suisses qui avaient l’intention de cultiver la vigne et de produire du vin.
Le patrimoine français de l’Iowa
La présence de Julien Dubuque est commémorée dans la ville sur le Mississippi qui porte son nom. Né à Québec en 1762, il arriva dans ce territoire, qui est maintenant l’Iowa, pour exploiter le plomb. Il souhaitait exploiter les mines de plomb des deux côtés du Mississippi et en 1788 à Prairie du Chien il signa un accord avec la tribu Fox qui lui permit d’exploiter ces mines. Il obtint également la permission du gouverneur espagnol de la Louisiane car à cette époque les terres à l’ouest du Mississippi étaient un territoire espagnol.
Un groupe de communautaristes utopiques idéalistes de France sous la direction d’Etienne Cabet vint aux États-Unis aux années 1850. Cabet envisagea la formation de cette communauté comme « un voyage en Icarie », et les membres s’appelaient donc « icariens ». Ils vinrent d’abord au Texas, puis se déplacèrent vers le nord à Nauvoo, dans l’Illinois. Plus tard, ils arrivèrent près de Corning, dans l’Iowa, où leur expérience de vie communautaire prit fin dans les années 1890.
Le patrimoine français du Michigan
Du nord au sud et d’est en ouest, le passé français se fait voir dans l’état du Michigan. Les origines françaises de Détroit, fondée par Antoine de la Mothe Cadillac en 1701, et de Mackinac sont bien connues. Le fort Michilimakinac fut fondé par les Français et ce site du détroit de Mackinac est demeuré l’un des principaux centres de la traite des fourrures tout au long des XVIIIe et XIXe siècles.
La ville actuelle de Sault Sainte-Marie, sur la rivière St. Mary’s entre le lac Supérieur et le lac Huron, trace ses origines au fort et à la mission établis par les Français. Le patrimoine français de la région de River Raisin dans le sud-est du Michigan peut se voir aujourd’hui dans plusieurs structures subsistantes datant de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Le Projet archéologique du fort St-Joseph dans le sud-ouest du Michigan révèle des détails sur la vie quotidienne au fort français du XVIIIe siècle.
Suivez ce lien pour plus d’informations sur le patrimoine français du Michigan ainsi que d’autres liens vous permettant d’explorer ce patrimoine en profondeur.
Le patrimoine français du Minnesota
L’eau et les voies navigables définissent la région qui se nomme aujourd’hui le Minnesota. Depuis toujours, le Minnesota est un lieu autochtone. Il existe actuellement onze nations tribales souveraines dans le Minnesota. Dans le passé, ces peuples autochtones, dont les Dakota, les Ojibwé, et leurs ancêtres, créèrent un vaste réseau de sentiers aquatiques (sentiers aux canots), reliés par des portages. Lorsque les Français arrivèrent au début du XVIIe siècle, il fallait qu’ils apprennent à naviguer, littéralement et figurativement, dans ce vaste paysage aquatique : c’était la clé de l’établissement d’une présence française permanente dans la région (Birk 1994; Gilman 1982). Les débuts d’un patrimoine français au Minnesota furent établis sur le lac Supérieur / Grand Portage / la route frontalière, le long du haut Mississippi, dans la vallée de la rivière Minnesota et se fondirent dans le système routier Red River Oxcart Trail… Cliquez ici pour en savoir plus.
Le patrimoine français du Missouri
Le patrimoine français est profondément enraciné dans cet état. Le passé français de Saint-Louis est bien connu : ce lieu fut colonisé aux années 1760 par des résidents français du Pays des Illinois qui cherchaient, en s’installant sur la rive droite du Mississippi, à se distancer de la domination britannique. Ils baptisèrent la ville au nom du roi français Louis IX, Saint Louis. La ville se développa en tant que centre commercial et poste de traite des fourrures, ses premiers citoyens les plus connus étant Pierre Laclède Liguest et Auguste Chouteau.
Un peu plus au sud, la petite ville de Sainte Geneviève, établie sur le Mississippi encore plus tôt, au milieu du XVIIIe siècle, a conservé son caractère français à bien des égards. Beaucoup de ses maisons anciennes datant de l’époque française ont été soigneusement préservées, et elles présentent d’excellents exemples des styles de construction traditionnels de la Nouvelle France appelés « poteau sur solle » et « poteau en terre » . Egalement, les résidents du village à ses débuts pratiquèrent la tradition française de la cultivation d’un champ commun, ce qui peut se voir sur des plans d’époque de la ville.
Une autre communauté du Missouri qui a de profondes racines françaises, c’est Old Mines (Vieille Mine), où l’extraction du plomb commença dans les premières années du XVIIIe siècle. La population francophone de cette région a continué à parler français longtemps après la fin du régime français, et il s’en est développé ce qu’on appelle le « Paw Paw French », un dialecte reconnu du français. On peut en apprendre plus sur le « Paw Paw French » ici et écouter de la musique créole de cette région interprétée par Dennis Stroughmatt et L’Esprit Créole ici.
Le patrimoine français du Wisconsin
Avant 1763, les Français établirent des forts et des postes de traite dans tout le territoire du Wisconsin actuel. Green Bay, connue sous le nom de « La Baye », fut à l’origine un poste de traite établi par Jean Nicolet en 1634. Une mission jésuite y fut fondée quelques années plus tard. La région autour de La Pointe, dans les environs de la baie de Chequamegon sur le lac Supérieur, fut le site d’un poste de traite et d’une mission établie vers 1660. À Trempealeau, un petit poste fut créé dès 1685.
Le site de Prairie du Chien fut connu des Européens dès le 17 juin 1673, lorsque l’expédition de Marquette et Jolliet arriva à l’embouchure de la rivière Wisconsin. La traite des fourrures s’y déroula jusqu’au XIXe siècle. Des traiteurs francophones comme Michel Brisbois et Joseph Rolette jouèrent un rôle important dans le développement de cette région tant sous le régime britannique que sous le régime américain. Lien: Prairie du Chien Historical Society
Le traiteur de fourrures et homme d’affaires Solomon Juneau, né à Québec en 1793, joua un rôle déterminant dans le développement de la ville de Milwaukee. Et des immigrants de la région francophone belge de la Wallonie s’installèrent près de Green Bay au milieu du XIXe siècle. Cliquez ici pour voir une liste complète d’ouvrages de référence sur l’histoire française du Wisconsin
out ceci n’est qu’un aperçu de la riche histoire qui existe dans le French Heritage Corridor. Il y a davantage à apprendre sur chacune des personnes et chacun des groupes décrits ici, et il existe de nombreux lieux, groupes et personnes dont l’histoire et les contributions culturelles peuvent être explorées.
Un bon point de départ : les liens auxquels vous pouvez accéder via la carte interactive sur le site French Heritage Corridor. Prenez le large pour mieux connaître cette région !